Le bambou dans l’architecture durable

Parfois, la meilleure technologie n’est pas une technologie du tout. Le bambou, plante herbacée à croissance rapide, commune à l’Afrique, à l’Asie et à l’Amérique du Sud est un matériau naturel, renouvelable et à faible teneur en carbone, doté d’une résistance à la traction de l’acier et d’un énorme potentiel pour une infrastructure écologique.

Au fur et à mesure que des solutions évolutives se présentent, le bambou est une solution oubliée. Il y a plus de 30 millions d’hectares de bambous dans le monde. C’est une plante capable de restaurer les terres dégradées, considérée comme source vitale de revenus pour des millions de personnes dans le monde entier.

Comme toutes les plantes, le bambou stocke le carbone

Cependant, parce qu’il croît particulièrement vite, il peut être récolté régulièrement. Cela signifie que le bambou peut créer un grand nombre de produits durables qui stockent le carbone sur plusieurs années. Des recherches récentes montrent que sur une période de 30 ans, un hectare de plantes et de produits de bambou peut stocker jusqu’à 600 tonnes de carbone, soit plus que certaines espèces d’arbres.

Remplacer les matériaux traditionnels par du bambou pourrait être un moyen important de mettre en place des initiatives d’infrastructures « vertes ». Le secret du succès du bambou réside aussi dans le revêtement de sol, de meubles et de logements, comme l’a montré un jeune designer qui a récemment remporté un prix d’architecture prestigieux avec sa maison en bambou en « quatre heures » de conception.

Le bambou offre des qualités pour de nombreuses applications

En Chine, le bambou est utilisé pour construire des tuyaux d’évacuation des eaux pluviales, des poteaux électriques, des lampadaires, des pales d’éoliennes et des éléments extérieurs résistants aux chocs pour les wagons de trains, ce qui a incité l’économiste à prédire l’an dernier que le secteur chinois du bambou est « sur le point de se relever ».

Avec une résistance à la traction supérieure à celle de l’acier doux et une capacité de résistance à la compression deux fois supérieure à celle du béton, les produits en bambou peuvent fournir une alternative à faible teneur en carbone, voire négative, aux matériaux comme le PVC, le béton, le plastique et l’acier.

Lors de la récente conférence des Nations Unies sur le climat à Katowice, en Pologne, le représentant spécial de la Chine pour le changement climatique, Xie Zhenhua, a déclaré que le bambou « peut offrir de précieuses opportunités pour un développement vert des pays en développement ».

Vers une normalisation pour plus de débouchés

L’Organisation internationale de normalisation commande davantage de recherches sur les normes relatives aux produits et aux habitations en bambou, afin de permettre des tests et des directives plus rigoureux pour les concepteurs et les architectes. Au niveau national, d’autres pays pourraient suivre l’exemple de l’Équateur, qui a récemment publié un guide technique pour les agriculteurs sur la gestion durable des plantations de bambous.

Le coût est une autre question cruciale. Comme dans de nombreuses industries naissantes, un certain nombre de produits dans le secteur du bambou ne sont pas encore assez bon marché pour concurrencer les matériaux bien établis.

Et lors du Forum sur la coopération sino-africaine, qui s’est tenu à Pékin cette année, tous les chefs d’État se sont mis d’accord sur un plan d’action qui mentionne la nécessité d’un « développement innovant des industries du bambou et du rotin », en citant son potentiel pour la réduction de la pauvreté et une croissance économique durable.

Dans le même temps, en Équateur, les logements en bambou ont été officiellement approuvés par le gouvernement comme matériau de construction approprié, et leur utilisation a été approuvée dans le cadre du programme  « Logement pour tous », qui vise à construire 325 000 logements.

Si le bambou a de telles qualités, pourquoi n’est-il pas utilisé plus largement ?

Chez INBAR, on reconnaît un certain nombre d’obstacles. Le manque d’information sur la dissémination des ressources locales en bambou et leurs utilisations est un facteur clé, tant au niveau des petits exploitants que des décideurs politiques.

Un soutien fort du gouvernement est nécessaire pour encourager l’adoption du bambou. Le décret présidentiel philippin constitue un bon point de départ, puisqu’il « prescrit l’utilisation du bambou pour au moins 25 % des besoins en mobilier de bureau et autres meubles des écoles publiques ».

Les avantages d’un tel soutien sont visibles en Chine, où des subventions stratégiques depuis les années 1980 et le vif désir de certaines entreprises de ne plus dépendre des importations de bois ont créé une industrie évaluée à plusieurs euros.

Lors d’une visite de son usine l’an dernier, Vikida Yu, vice-présidente de Produits en bambou HeQiChang, basée à Fujian, a parlé du changement de perception qui s’est produit au cours de sa vie. « À l’école, on préférait le bois. Tu l’as vu plus souvent, c’est tout. On ne connaissait pas grand-chose au bambou. » Son entreprise utilisait du bois pour fabriquer des conteneurs d’expédition pour tous ses produits, mais les exigences et les coûts croissants de l’importation à l’étranger ont incité Yu et son équipe à explorer d’autres options.

Aujourd’hui, l’entreprise fabrique 4 millions de conteneurs en bambou par an, dont la totalité est d’origine locale, et dont une grande partie est finalement achetée par le géant de l’expédition. « De nos jours, en Chine, on voit que le bambou peut faire tant de choses. Il dépasse les attentes. Ça a changé des vies. »

Le rôle de la construction en bambou n’a jamais été aussi important. Environ 70 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre proviennent de la construction et de l’exploitation d’infrastructures comme les centrales électriques, les bâtiments et les transports. Le développement futur risque d’enfermer le monde dans une voie à haute teneur en carbone pendant des centaines d’années.

Comme les bambous poussent dans les tropiques d’Afrique, d’Asie et des Amériques, ils pourraient constituer un matériau naturel et renouvelable pour les infrastructures des pays en développement.

Une somme d’atouts

Il n’est plus à démontrer que le bambou offre un avenir prometteur à la construction durable. Mais les Équatoriens en tirent bien d’autres avantages : il revient 40 % moins cher que le béton, est culturellement pertinent pour les diverses communautés et sans danger pour la biodiversité locale et pourvu que les écoles soient effectivement construites à partir de bambou offre un cadre éducatif idéal à des pédagogies efficaces et innovantes.

« Sur le marché de la construction belge également, le bambou trouve toute sa pertinence ». « Si on fait le calcul, on se rend vite compte que l’importation de bambou en Belgique demeure plus respectueuse de l’environnement que l’utilisation d’acier ou de béton. En outre, le bambou est un choix plus intelligent que le bois. Le phénomène de déforestation empire. Ne touchez pas aux arbres et recourez à d’autres solutions, car il en existe ! Quel que soit le contexte, le bambou constitue un matériau de construction durable et de qualité.»

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